Interview Bertrand Faivet

mardi 21 décembre 2021

Bertrand Faivet, tu es le Responsable de la formation au sein d’Ajoie Academy. Parle-nous de ton poste ?

C’est en fait plusieurs fonctions en un seul poste. Administrativement tout d’abord, je m’occupe des planifications des entrainements d’été et d’hiver, des matchs amicaux et de championnat, des plannings avec les clubs partenaires, de la gestion des individualités et des équipes U13-Elit et U15-Elit.

Je gère et coordonne les trois labels (recrutement, ambition-TOP et Talent-Elit) qui nous permettent d’être subventionnés par la ligue, je regroupe les actions et la gestion de toutes les équipes du club (commission technique), je suis un soutien aux entraineurs pour les planifications globales.

Enfin je gère tout l’administratif sportif du SAE (Sports-Arts-Etudes) pour le hockey dans le Jura.

Techniquement, je suis sur glace une à deux fois par semaine avec les U13-Elit, je regarde des matchs des équipes de l’Academy, je supervise la formation, je mets en place un fil rouge technique avec les entraineurs, j’entraine les U15-Elit 4x par semaine et les coache à chaque match.

 

Quels sont les principaux objectifs fixés à moyen et long terme ?

Le tout premier est de recruter des nouveaux adhérents et de pouvoir compter sur une large base de petits hockeyeurs. Le must serait d’en avoir env. 90 à l’école de hockey, mais ayant repris tout cela en mains avec seulement 8 enfants en septembre 2020, si nous allons à 60, cela serait déjà une formidable amélioration (actuellement plus de 40).

Ensuite, si ce premier palier est franchi, cela serait de pouvoir compter sur 2 à 3 équipes en U9 et U11 et une équipe filière loisirs et une compétition en U13 et U15. Ainsi, les jeunes pourraient rester au club au moins jusqu’à leur sortie d’école.

De plus, nous aimerions développer la structure d’encadrement de ces équipes, avoir plus d’entraineurs, d’administrateurs et de chefs matériel, encore mieux formés de manière à proposer un accompagnement parfait.

Enfin, cela serait de pouvoir augmenter les niveaux techniques depuis les U13-Elit aux U20-Top en s’installant durablement comme club de référence en tant que formateur, en développant le plus de bons joueurs possible afin d’alimenter notre première équipe au plus et au mieux possible

 

Les nouvelles infrastructures dont tu disposes répondent-elles à tes besoins ?

Au niveau de la patinoire principale, je trouve l’enceinte avec beaucoup de cachet et vraiment chaleureuse. Au niveau de la glace, c’est vraiment un atout non négligeable. Pour la petite au format NHL, elle est vraiment géniale et permet un jeu plus soutenu et de nouvelles perspectives d’entrainement avec, c’est clair cet énorme avantage d’avoir plus d’heures de glace qui faisaient vraiment défaut auparavant.

En ce qui concerne les vestiaires, une vingtaine de mètres carrés de plus dans chacun et plus de locaux de rangement auraient été parfait, mais les lieux permettent déjà d’évoluer comme ça.

 

La promotion du HCA en National League ne complique-t-elle pas l’intégration de jeunes joueurs du club dans la première équipe ?

En soi, cette promotion est quelque chose de gigantesque au vu de la structure du club jusque-là, au vu du budget et des infrastructures. Peu de clubs en Suisse peuvent réussir pareils résultats. On sent vraiment toute une région derrière cette aventure hors du commun. Pour les jeunes du cru, évidemment que cela devient vraiment très compliqué de faire le saut.

Par contre, cela va surement permettre à des joueurs expatriés de revenir et mouiller le maillot de leur enfance avec conviction et honneur, cela permet et permettra de jouir d’une meilleure visibilité et image, ainsi que de, pourquoi pas, créer de nouvelles vocations et/ou augmenter la motivation à progresser. Donc à moyen terme, je vois cela comme une chance extraordinaire.

 

Ton équipe, les U15-Elit, éprouve de grandes difficultés dans son championnat. Comment expliques-tu cela ?

Si l’on se replonge quelques années en arrière, sans dénigrer le travail accompli, on remarque que l’on a profité d’un cycle, d’un moment T et que l’on n’a pas surfé sur la vague et anticiper les choses. Avec une chute vertigineuse de nouveaux hockeyeurs ces cinq dernières années, il est évident que moins il y en a, moins on a le choix.

Ensuite, on n’a pas été assez insisté sur le développement individuel des joueurs. Là où tous les autres clubs s’entrainaient 4 à 6x par semaine dès les U11, nous étions toujours à deux ou trois. Là où les autres engageaient des skill coachs pour le patinage et la technique de canne, nous continuions des entrainements basics. Là où la plupart des grosses entités ont engagés un entraineur pro par catégorie d’âge, nous n’en avions qu’un seul.

Deuxième point, notre collaboration avec les quatre autres clubs régionaux (Franches, Delémont, Moutier et Tramelan) ont eu quelques plombs dans l’aile. Il a fallu une relance de l’association cantonale pour redynamiser le partenariat à la fin de la saison 19/20.

Et enfin, le bassin de population est beaucoup plus restreint que les autres régions. Là où Zürich recherche des joueurs pour leurs cinq équipes sur un bassin de plus d’un million d’habitants, qu’ils sélectionnent une centaine de joueurs pour les cinq teams sur 350 intéressés, nous devons aller chercher des papables pour espérer former une équipe de 18 joueurs…

Ainsi, le temps que nous puissions mettre tout en place entre le recrutement, la collaboration et le développement technique, nous devrons vivre encore 5 ou 6 saisons compliquées à ce niveau.

 

La filière entière d’Ajoie Academy doit-elle se professionnaliser davantage selon toi  ?

Clairement. Si l’on regarde des clubs de Swiss League comme Viège, Olten ou Langenthal, tous ont ou sont en train d’engager un entraineur professionnel par catégorie de jeu en plus d’un responsable administratif.

Grâce à l’excellent travail du comité directeur et du comité de l’Academy, depuis trois ans, nous sommes passés d’un à deux postes et demi. Mais cela est encore insuffisant.

Si l’on compare le budget du mouvement juniors de Fribourg et le nôtre, nous remarquons l’écart titanesque qui nous sépare (1,6 million pour Fribourg, plus de trois fois moins pour le HCA).

 

La collaboration avec les clubs de la région fonctionne-t-elle de façon optimale ?

Comme indiqué plus haut, elle a été remise en route sous l’impulsion de Fabrice Houlmann, président de l’AJHG. Il est réjouissant que les clubs régionaux aient envie de travailler ensemble. Même si toutes les visions ne se rejoignent pas tout-à-fait, tout le monde a envie de regarder vers l’avant ensemble, pour le bien de chaque tête blonde d’une part, mais aussi pour développer le hockey jurassien et jurassien bernois dans les équipes juniors et actives. Tout le monde a y gagner.

Il va falloir encore quelques années pour que la bonne route soit tracée, que les bons automatismes soient créés, que les idées du passé soient abandonnées et au vu des séances et discussions emmanchées, on peut dire que nous sommes sur de bonnes bases, même s’il y a des défauts de jeunesse encore à gommer et pleins d’améliorations à y apporter.

Avec près de 150 débutants, si le travail est bien coordonné et la qualité d’enseignement présente dans tous les clubs, on pourrait bien avoir quelques jolies surprises d’ici cinq à dix ans.

 

Un grand merci à Bertrand Faivet à qui nous souhaitons une bonne suite de saison.

Nicolas Greppin, Dpt Communication