Alors que les travaux de la transformation et de la  rénovation de la patinoire du Voyeboeuf - future Raiffeisen Arena -  vont bon train, nous avons pris langue avec quelques personnes pour qui ces travaux ont une saveur particulière.

Aujourd’hui nous vous proposons un entretien avec Jordane Hauert, emblématique capitaine du HC Ajoie depuis la saison 2014-15.

Jordane, tout d'abord, comment vas-tu ? Es-tu rétabli de ta blessure de fin de saison ?

Je vais très bien, merci, et je suis totalement remis de ma blessure au genou. En fait, cette crise due au Covid-19 et l’arrêt du championnat qui s’en est suivi m’aura empêché de ronger mon frein pendant ma convalescence. Comme tout le monde était à l’arrêt, c’était du coup moins pénible pour moi. J’ai donc pris quatre semaines pour soigner mes ligaments internes qui étaient presque totalement déchirés.

As-tu digéré cette fin de saison particulière et notamment l’arrêt prématuré des play-offs ?

Très honnêtement, nous avons tous été très déçus de devoir nous arrêter, et moi le premier car toute l’équipe avait travaillé très dur pour finir à la deuxième place, à égalité de points avec Kloten. Avec la Coupe suisse remportée à Lausanne devant plus de 9000 spectateurs, nous avions un maximum de confiance et étions prêts à affronter Viège en demi. Malheureusement, la crise qui est arrivée en a décidé autrement. Toute l’équipe sentait qu’il y avait encore quelque chose à faire et que la finale était accessible. Et là, tout pouvait arriver. Mais voilà, ça ne s’est pas donné, c’est comme ça. Il faut garder en mémoire l’extraordinaire exploit réalisé à Lausanne, ça c’est tellement beau !

Après toutes ces années passées dans ce vénérable Voyeboeuf, qu’éprouves-tu en suivant sa transformation ?

Je ressens une immense impatience et ai hâte de pouvoir jouer dans une infrastructure plus professionnelle. La patinoire du Voyeboeuf ne répondait plus aux exigences et était vraiment en bout de course. Les oiseaux entraient et nichaient ci et là, des bosses de glace se créaient sur la glace en raison de la condensation des plaques de toiture, l’humidité était permanente…sans parler de l’eau chaude qui manquait parfois…

Ton meilleur et ton pire souvenir dans cette patinoire ?

Parmi les meilleurs souvenirs, je citerais cette incroyable série de playoffs lors de laquelle nous avions éliminé Bienne au septième match, devant notre public.  Je ne sais plus en quelle année c’était mais j’étais au tout début de ma carrière, j’avais juste 21 ou 22 ans (saison 2001/2002 note réd.). Il y avait près de 4500 spectateurs dans la patinoire à l’époque, la capacité n’avait pas encore été réduite pour des questions de sécurité. C’était juste extraordinaire de vivre une ambiance pareille dans ce Voyeboeuf ! Evidemment, le titre de Champion de Swiss League en 2016 reste également un moment mémorable. Mais en plus de ces exploits sportifs, le fait de venir chaque jour dans cette patinoire pour s’entraîner, jouer et vivre de sa passion, c’est juste incroyable ! Je me considère vraiment comme chanceux quand je pense que dans n’importe quelles circonstances, dans les bons ou les moins bons moments, au minimum 1000 personnes venaient nous encourager durant les matches ! Quant aux pires souvenirs, c’est d’avoir vu des coéquipiers se blesser sur la glace. L’agression dont avait été victime Steven Barras lors des playoffs en 2016 fait notamment partie de ces mauvais souvenirs. Ou voir des joueurs frapper avec la tête ou le dos contre la bande et subir par exemple des commotions, on n’aime vraiment pas voir ça !   

Te rappelles-tu d’un fait marquant ou d’une anecdote en pensant au Voyeboeuf ?

Il y en a tellement, mais je n’ose pas les divulguer (rire) ! Une petite quand même… Lors de la saison 2013-14 sauf erreur, alors que nous avions Jan Tlacil comme entraîneur, nous avions raté les playoffs suite à une défaite concédée à Martigny (5-4 / 16.02.2014 note réd.). La déception était immense et lors du voyage de retour, nous étions tous démoralisés et avions quelque peu… arrosé cette fin de championnat précipitée. À notre arrivée au vestiaire à Porrentruy, après avoir rangé nos affaires, nous avions poursuivi sur cette même lancée jusque tard dans la nuit, dans ce vieux Voyeboeuf plongé dans le noir. C’est alors que nous avons entendu un bruit de moteur retentir : un des joueurs de l’équipe, dont je tairai le nom, avait mis la main sur les clés de la rolba et faisait des tours de glace sur cet engin ! Cela reste un moment assez drôle vécu dans cette patinoire !

Toi et tes coéquipiers craignez-vous manquer de repères lors de vos débuts dans la nouvelle Raiffeisen Arena ?

Non pas du tout ! Certes, plus grand-chose ne ressemblera à l’ancienne patinoire mais toute l’équipe sera tellement impatiente de prendre possession des nouveaux lieux que cela ne posera pas de problème, j’en suis certain. Nous ne savons pas encore exactement quand la compétition reprendra ni quand le chantier sera achevé mais d'ici-là, nous aurons fait notre préparation dans d'autres patinoires, avant de débuter notre premier tour de championnat à l’extérieur. Nous serons donc tous très heureux de poser nos affaires à la « maison » et aurons vite fait de trouver nos repère, j’en suis convaincu !

Merci à Jordane de nous avoir accordé un peu de son temps et par avance excellente saison à lui !

Propos recueillis par Nicolas Greppin, membre Communication HCA