Souvenir du Voyeboeuf - 15e partie

mardi 20 octobre 2020

Alors que les travaux de la transformation et de la rénovation de la patinoire du Voyeboeuf - future Raiffeisen Arena -  touchent à leur terme, nous avons pris langue avec quelques personnes pour qui ces travaux ont une saveur particulière.

Aujourd’hui, et pour ultime entretien, nous vous proposons un entretien avec Kiki Crétin, pur produit du club qui fut propulsé dans les buts de la première équipe alors qu'il n'avait à peine plus de 16 ans. Il nous livre ses souvenirs.

 

Kiki, suis-tu la transformation actuelle de la patinoire ?

Oui bien sûr ! Je me suis déjà fait quelques pèlerinages sur place, avant le démontage total, à chaque fois très tôt le matin avant le commencement du travail des ouvriers. C’est une réelle émotion de voir toutes ces transformations qui sont absolument nécessaires pour l’avenir du club. Il est vrai que j’ai comme un pincement au cœur car une bonne partie de ma vie s’est passée sous ce toit, sous ses arcs. Ces mêmes arcs qui ont d’ailleurs été récupérés, je trouve cela important. Ah si elles pouvaient parler ! Vous savez, je suis très conservateur d’un tas de choses du passé. Il est bon de savoir qu’elles n’ont pas totalement disparu. J’ai toujours eu l’impression que les objets possèdent comme une sorte d’âme. Cela paraît un peu bizarre mais je me suis aperçu que j’étais peut-être pas aussi étrange car Gainsbourg disait la même chose, quoique… J

 

Quels sont les meilleurs souvenirs qui te viennent à l’esprit en pensant au Voyeboeuf ?

Deux souvenirs en particulier. Le premier match que j'ai vu (Ajoie-Zoug) et auquel mon oncle m’avait emmené. Sans le savoir, il allait faire de ce petit bonhomme que j'étais alors un passionné de hockey et un futur gardien du HCA. Le deuxième souvenir est la première ascension en LNA et le fameux but de Daniel Métivier contre Zurich. J’ai cru que la patinoire allait exploser et qu’elle n’allait pas tenir, j’en ai encore les frissons ! À l'époque, j'étais également impressionné par Anton Siegenthaler et Christophe Wahl. Mon rêve était de devenir comme eux, posséder ce magnifique équipement de gardien et faire partie du HCA. À l’époque, les joueurs étaient des demi-dieux pour la population, en croiser un en ville était un évènement. Jamais je n’aurais cru arriver à devenir gardien. J’avais commencé ce sport à 12 ans pour soigner mon asthme et je me suis retrouvé dans les buts de la première équipe à 16 ans et demi, quelle truc de dingue quand on y pense !

 

Le 7 avril 1992, toi et ton équipe accédez pour la deuxième fois à la LNA ; quels souvenirs en gardes-tu ? C’est un des plus grands évènements de ma vie et une des plus vives émotions jamais ressenties. J’avais 18 ans et je suis très fier d’avoir réalisé cette ascension au côté de Normand Dupond et Lane Lambert. Nous formions une superbe équipe. C’est la dernière fois que le HC Ajoie  parvenait à l’élite et pour l'anecdote, je suis encore à l’heure actuelle le dernier gardien du HCA à avoir joué en LNA, imaginez-vous comme cela date ! J’imagine qu’avec la transformation de la patinoire et l’équipe actuelle, cette anecdote ne sera bientôt plus qu’un souvenir. Nous avions fait une telle fête ! Trois jours non-stop, la fondue le matin, le défilé en ville, c’était terrible ! J’ai un peu moins rigolé lorsque j’ai reçu un téléphone de l’équipe nationale pour rejoindre le contingent ! J'étais ko, mais je m’en suis malgré tout bien sorti et j’ai vite été ramené à la réalité.

 

De tous les entraîneurs que tu as connus au HCA, lequel t’a marqué et pourquoi ?

Je vais dire Richard Beaulieu car c’est lui qui a eu le courage et le culot de me mettre dans les buts de la première équipe à seulement 16 ans et demi. C’était à Langnau et nous avions gagné 5-1 contre la grande équipe de Dekumbis. Je me souviens avoir arrêté Merlin Malinovski 5 fois tout seul ! Tout m’avait souri ce soir-là et j’avais eu la chance du débutant. C’est ce soir-là qui a lancé ma carrière. Comme quoi la destinée ne tient à rien. Quel souvenir ! Richmond Gosselin était également un sacré entraîneur, il a grandement participé à notre ascension en LNA et 1992.

 

À la fin de la saison 1992-93, tu quittes le HCA pour le HC Bienne ; parle-nous un peu de cette expérience.

Un jour, j’ai reçu le téléphone de ma grande idole de toujours, Olivier Anken. Comme il désirait mettre un terme à sa carrière, il désirait un successeur et c’est à moi qu'il avait pensé ! Imaginez-vous quelle immense honneur ! Cet homme que j’admirais à la TV, le gardien de l’équipe nationale ! J’ai même cru à une mauvaise farce et que ce n’était pas lui au téléphone. J’ai ainsi pu rejoindre le HC Bienne qui était une bonne opportunité pour moi de rester en LNA et aussi de pouvoir progresser avec le maître, le mythe Olivier Anken. Avec du recul, je me dis que j’ai réalisé bien plus que mes rêves dans ce sport. J’ai beaucoup travaillé certes mais j’ai également eu la chance d’être toujours au bon endroit au bon moment. Je retrouve la même chose dans la musique aujourd’hui, et bien plus encore car jamais je n’aurais cru partir en tournée européenne plusieurs fois comme je l’ai fait. Ma vie a toujours été faite d’ambitions et de buts et si je devais disparaître demain, malgré mon jeune âge, personne ne devrait me pleurer car j’ai tout eu, absolument tout et bien plus encore. J’ai accédé à tout et c’est assez rare de dire cela. Mais bon, j’ai un grand défaut, qui est peut-être également une qualité, je n'en ai jamais assez !

 

Souhaites-tu adresser un message aux fans du HC Ajoie ?

Premièrement j’aimerais dire un grand MERCI à tous ceux qui nous ont soutenus durant cette période de dingue. Nous l’avons fait ensemble et sans vous, rien n'aurait été possible. J’aimerais dire également aux fans actuels que le HC Ajoie a besoin de vous plus que jamais. Je désire vraiment revoir ce club au plus haut niveau et tout cela sera un travail d’équipe dont vous faite partie. Merci enfin à ceux qui ont créé l’écharpe « Adieu Voyeboeuf » et qui ont décidé de placer la photo qui me voit être porté en triomphe à Lyss suite à la promotion en LNA. Cela m’a beaucoup ému… Allez Ajoie et serrons-nous les coudes !

 

Merci à Kiki de nous avoir accordé un peu de son temps. Nous lui souhaitons le meilleur pour son avenir !

 

 

Propos recueillis par Nicolas Greppin, membre Communication HCA